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Roberta

Temps de lecture : environ 2 minutes

Son truc à lui, c'était la disneylandisation. La transformation des villes et des cultures locales par la présence de touristes. Alors il l'avait emmenée à Venise.

Il avait loué un appartement pour le week-end. Il lui avait bien précisé qu'il ne fallait pas qu'elle considère ça comme un voyage en amoureux, qu'elle ne compte pas sur lui pour la balade en gondole ou le Spritz en terrasse. Il y allait avant tout pour le boulot.

Effectivement, à peine descendu du vaporetto qui les amenait de la gare, il l'avait planté là, sur le ponton, avec les valises, et il avait disparu vers les Zattere avec son appareil photo en bandoulière, pressé de profiter d'une aussi belle lumière, lui criant de ne pas l'attendre, qu'il la retrouverai chez eux en fin d'après-midi.

Elle avait rejoint l'appartement et rangé vite fait leurs affaires. Le grand salon l'intimidait, avec son plafond décoré et ses murs peints. Elle avait passé l'après midi, dans la minuscule cuisine, engloutissant des litres de chocolat chaud et dévorant le roman acheté la veille.

Elle fut étonnée le lendemain matin de se trouver là, seule, dans cette chambre vieillotte au plafond immense et aux ombres grises. Pendant quelques secondes, une angoisse l'étreignit. Elle ne reconnaissait pas sa chambre. Elle n'était pas dans leur maison de Palestrina. C'était trop calme, trop grand, trop sombre, où était elle ? Est ce qu'elle rêvait encore ?

Puis la mémoire lui revint.

Elle était à Venise avec Andrea, qui n'était pas rentré de la nuit. L'urgence était de se faire un café. Après quoi, elle pourrait s'inquiéter tout à son aise de l'absence de son mari.

Elle pris son sac et sorti. La lagune sentait le poisson mort. Elle avait trouvé refuge dans un café proche de la douane de mer. Elle hésitait sur la marche à suivre.

Aller voir les carabiniers, sans avoir la moindre idée du parcours qu'il avait suivi la veille, c'était risquer de se trahir. Tout ce qu'elle pouvait leur dire c'est qu'il l'avait quitté à 11h à l'embarcadère de l'Academia . C'était léger

À tout point de vue, prendre la poudre d'escampette, rentrer à Rome et faire comme si de rien n'était restait sa meilleure option.

Pendant le trajet en vaporetto qui la ramenait à la gare, elle jeta l'appareil photo par dessus bord.


La BO de Roberta :

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