Le vieux sorcier se redressa, se retourna vers lui et se mit à parler de plus en plus vite, de plus en plus fort. Les mots claquaient et rebondissaient dans la pièce.
Lothlovir se senti projeté vers un infini noir et scintillant. Pour autant que le noir puisse scintiller. C’était comme s’il tombait dans un puits sans fond. Puis tout devint noir.
Sans scintillements.
⁂
Il ressenti comme un sursaut. Son corps tressauta, il revint à lui brutalement et ouvrit les yeux. Il était allongé, affalé, dans une pièce aux murs gris. Une grande ouverture rectangulaire donnant sur un couloir sombre se trouvait devant lui, légèrement sur sa gauche. Il essaya de tourner doucement la tête. Sur sa droite, une petite fenêtre laissait apparaitre un carré de ciel.
Il se demanda combien de temps avait passé depuis que le magicien lui avait lancé un sort. Impossible à définir. Impossible à définir également les conséquences du sort.
Il passa en revue les différentes parties de son corps. Tout avait l’air normal. Il n’était pas transformé en salamandre, ni en chauve-souris. Ses vêtements étaient toujours là et sa sarbacane toujours accrochée à la ceinture. Ses membres répondaient tous présents. Il ressentait quelques courbatures, mais dans l’ensemble il estimait qu’il devait pouvoir se lever, marcher, voire courir, pour quitter cet endroit au plus vite.
Il se ramassa sur lui-même et se releva avec précaution. Tout était silencieux. Trop silencieux.
Il s’approcha de la fenêtre. Jeta un oeil au-dehors. Le ciel. Il ne voyait que le ciel. Il se hissa sur la pointe des pieds et baissa les yeux. Une forêt s’étendait à perte de vue. Une forêt aux arbres bleus. A présent, il entendait des bruissements, des grognements qui montaient et qui devaient appartenir à des animaux inconnus et monstrueux.
Le sorcier l’avait projeté dans un autre univers !
Il longea le mur et se dirigeat le plus silencieusement qu’il pouvait en direction de l’ouverture. Toujours en frôlant le mur, il passa la tête,regarda à droite, regarda à gauche. Dans la pénombre, il apercevait un escalier. Il s’approcha à pas de loup. Descendit, tenant sa sarbacane devant lui. La petite pochette avec les flèches se balançait toujours autour de son cou.
En bas de l’escalier, il se trouva nez à nez avec une porte fermée. Il colla son oreille au bois sombre. Rien, aucun bruit. Doucement, il poussa. La porte s’ouvrit légèrement. Il risqua un oeil. Une clairière s’étendait devant lui. Et au delà, la forêt bleue le cernait.
Accroupi au pied d’une souche, un être étrange, mi-homme, mi-bête l’observait.
Il s’approcha.
— Ho là ! cria le petit homme. Qui es tu ?
— Bonjour, je suis Lothlovir. Chevalier de Martre. Un ignoble sorcier m’a jeté un sort et il me semble qu’il m’a projeté dans un autre univers car là d’où je viens les feuilles des arbres sont vertes. Pas bleues comme ce que je vois ici. Mais toi-même, qui es-tu ?
— Je suis Ollafe. Cette forêt appartient à mon père, le roi. Qui me dit que tu n’es pas un ennemi venu espionner notre royaume ?
— Il va falloir me croire sur parole, j'en ai peur. Pourrais tu me mener au sorcier de ton royaume. Je ne vois que cette solution pour rentrer chez moi.
— Alors suis-moi. Mais je ne sais pas si notre sor...
"Ludo, à table ! "
— Oui maman, j'arrive...