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L’onde • Partie 6 • Barbara et Marc

Temps de lecture : environ 4 minutes

L'onde nouvelle par épisode
Barbara avait beau être épuisée, le sommeil se refusait à elle. Chaque fois qu’elle s’assoupissait, une quinte de toux la réveillait.

Elle s’était tournée et retournée une grande partie de la nuit en maudissant son imprudence face au climat traître de l’île en avril. À présent, sa gorge lui donnait l’impression d’être tapissée de milliers de petites aiguilles, et son front la brûlait.
Elle alluma son portable, et regarda l’heure : 4H30. Elle décida d’aller prendre un thé. De toute façon, elle ne dormirait pas tant qu’elle tousserait. Dans la grande salle de la station ornithologique, elle s’installa face à la baie vitrée qui donnait sur la baie des naufrageurs. Dans le lointain le faisceau du phare de Bihan Ar Du balayait la mer lentement.

Elle prit un livre et attendit le matin. Dès la première heure elle irait voir un médecin.

Le bruit des vagues sur les rochers de la baie était assourdi par le double vitrage. Dans l’atelier au fond de la station elle entendait le ronronnement régulier des serveurs informatiques, et, parfois le « bip » d’un des contrôleurs des émetteurs récepteurs qui annonçait une erreur de transmission. Quand plusieurs bips se succédaient elle entendait aussi Marc qui pestait contre le matériel.

À l’université, les colères de Marc contre ses machines étaient devenues légendaires. Il utilisait un chapelet de jurons fleuris contre les ordinateurs dès qu’ils dysfonctionnaient. Ces derniers temps, il était un peu tendu, contrairement a ses attentes et a ses calculs, les émetteurs n’avaient pas encore proposé de configuration onde/signal qui puisse valider, au moins en partie, les théories qu’ils avaient élaborées depuis cinq ans. Aussi, depuis quelques jours, il passait une grande partie de ses nuits dans le laboratoire à observer en temps réel les données produites par les émetteurs et les récepteurs, en insultant copieusement les ordinateurs.

Toute à ses pensées, Barbara n’arrivait pas à se concentrer sur sa lecture. Elle décida d’aller préparer du café et de le partager avec son collègue.

Quand elle entra dans le l’atelier Marc était face à un terminal qui affichait la carte des émetteurs qu’ils avaient installés sur l’île… Il leva un regard fatigué vers elle.

— Tu ne dors pars ? lui dit.

— J’ai pris froid, je tousse, il va falloir que je voie un médecin.

— C’est vrai que tu as un peu une voix de crapaud. Lui dit-il avec un sourire.

— Café ?

— Oui merci.

— Je t’ai entendu insulter une de tes machines, un souci ?

— Oui. dit il d’une voix lasse. On arrive dans une phase de mesures à basse fréquence, et apparemment certains des capteurs ont du mal. Une dizaine de relais envoient des codes d’erreur. J’ai un peu l’impression que ces couillons de techniciens d’Erickiatel ont bâclé le montage des prototypes. Il va falloir que je parte demain récupérer des capteurs pour les reconfigurer.

— Je t’aiderai si tu veux.

— Non, quand on croasse comme toi on va chez le médecin, je m’en occuperai. Il prit une gorgée de café et grimaça.

— Dis gringo, il est fort ton café, dit-il en imitant un accent sud américain N’hésite pas à mettre de l’eau en plus de la poudre quand tu prépares ton café, je vais aller le sucrer dit il en se levant pour aller à la cuisine.

— Il sortit de la pièce et Barbara lui souri et s’apprêtait à le suivre quand tout à coup un bip retenti et un point se mit à clignoter sur la carte.

Elle entendit Marc marmonner « saloperie de machine de merde ».

Et comme en réponse à son juron, une succession de bips se firent entendre. Sur l’écran de l’ordinateur tous les points se mirent simultanément à clignoter.

Marc accouru dans la pièce.

— Qu’est-ce que c’est que ce bordel ? Hurla-t-il. Tu as touché un truc Barb ?

— Non rien, ça c’est mis à sonner et à clignoter, une réaction en chaîne sans doute.

Ils regardèrent l’écran, Marc tapa sur le clavier et un tableau apparu. Il le parcourut rapidement des yeux.

— Merde ! dit-il. Apparemment 80 % des capteurs ont pété sur une seule phase de mesure.
Barbara s’approcha de l’écran et lu à son tour.

— C’est impossible dit-elle apparemment on est largement dans la plage de fonctionnement des émetteurs récepteurs.

— C’est pourtant le cas, dit Marc, la salve d’impulsion lancée à 5 heures du matin, à apparemment fait planter tous les émetteurs.

Il regarda Barbara avec un air contrarié et enchaîna :

— Finalement, si ta proposition tient toujours, une fois que tu auras vu le médecin, si tu ne te sens pas trop mal, je veux bien que tu me donnes un coup de main pour aller réinitialiser les capteurs. En attendant, je vais analyser les résultats pour essayer de comprendre ce qui c’est passé.

Elle regarda son ami. On sentait chez lui la fatigue et une forme de découragement. Elle s’approcha et mit  une main sur son épaule.

— Tu ferais mieux d’attendre pour analyser tes capteurs. Je vais lancer une sauvegarde des résultats. Tu devrais aller te reposer une heure ou deux. Tu regarderas ça demain dans la mâtinée. La journée va être longue si on doit faire le tour de l’île pour remettre tous les capteurs en place.

Marc n’essaya même pas de protester, il se leva et sorti.

Pendant qu’elle lançait la procédure elle l’entendit râler tandis qu’il se dirigeait vers sa chambre.

Barbara se sentait elle aussi un peu découragée. En 3 mois, ils n’avaient toujours aucun résultat et ils allaient perdre plusieurs jours à reconfigurer leur matériel.

Elle eut un sourire désabusé : ce n’était pas demain, qu’ils allaient changer la face du monde avec leurs recherches.


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