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Temps de lecture : environ 2 minutes

Le vieux sorcier se redressa, se retourna vers lui et se mit à parler de plus en plus vite, de plus en plus fort. Les mots claquaient et rebondissaient dans la pièce.

Lothlovir se senti projeté vers un infini noir et scintillant. Pour autant que le noir puisse scintiller. C’était comme s’il tombait dans un puits sans fond. Puis tout devint noir.
Sans scintillements. ...continuer la lecture de "Lothlovir"

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L'onde nouvelle par épisodeMurielle vit Élise s’arrêter au moment où elle allait passer la porte. Elle crut voir aussi son visage changer comme si plusieurs sentiments l’habitaient. Elle connaissait la jeune femme depuis sa plus tendre enfance et était capable de déceler chez elle tous les infimes changements d’humeur.

En fait en y fléchissant bien elle était capable de déceler les tourments de l’âme de chacun de ses interlocuteurs. L’instant d’après Yann passait la porte, et lui aussi avait l’air songeur, et troublé.

— Ça va Yann ! dit elle.

— Oui… Heu..  Non…, je ne sais pas bien répondit-il. Puis il reprit : J’ai fait un rêve cette nuit… enfin, pas vraiment un rêve, c’est plutôt un souvenir… C’était le jour de l’accident, j’étais avec Élise et nous…

Soudain il réalisa qu’il s’adressait à sœur Murielle il se tut en rougissant, et dit.
— Bref, c’était le jour de l’accident et ça m’a fait bizarre justement de croiser Élise.

Murielle lui sourit gentiment, elle appréciait ce jeune homme qui derrière son air d’ours mal léché était d’une incroyable gentillesse et qui avait bien du mal à ne pas exprimer ses pensées. Le fait qu’il parle de l’accident lui fit revenir en mémoire cette funeste journée 20 ans plus tôt, mais aussi et surtout tous les souvenirs de l’enfance de sa filleule quand elle parcourait l’île en courant avec Yann.

Histoire de détendre le jeune patron pêcheur qui avait l’air coupable que quand petit elle le trouvait dans le verger de la maison de retraite en train de voler des pommes, elle enchaîna.

— La pêche fut bonne ?

— Oui. dit il j’ai ramené ce que vous m’avez demandé.

Elle souleva le couvercle de la caisse et sourit.

— Les cuisinières vont être ravies, et les résidents vont apprécier. Merci Yann ! Va poser ça dans la cuisine pendant que je vais te préparer ton chèque.

Il s’engouffra dans la cuisine, trop heureux de s’échapper.

Quand il sortit, quelques minutes plus tard, il souriait de sa bêtise, il avait toujours été incapable de cacher quoi que ce soit à la religieuse et il avait été à deux doigts de lui raconter un rêve érotique.

Il se prit à penser à Élise. À leur enfance et à leur adolescence. À l’époque, tout le monde les regardait comme s’ils étaient destinés à passer leur vie ensemble.
Puis il y avait eu l’accident, les longues semaines ou Élise s’était enfermé dans un total mutisme, et son départ pour le continent. Dont elle n’était jamais revenue, jusqu’à l’an dernier.

Yann lui était resté, avait cherché à comprendre pourquoi elle était partie. Il l’avait attendue, longtemps. Puis un jour, il avait rencontré Julie.

Chaque été, quand elle était étudiante, elle venait faire des saisons dans des restaurants de l’île. Après son service, ou pendant ses jours de repos, elle rejoignait les jeunes de l’île sur les plages de la cote sur ou dans les café du bourg. Après ses études, elle avait continué à venir passer quelques jours ente fin juillet et la mi-août. La bande des jeunes îliens s’était peu à peu éloignée, certains étaient aller travailler sur le continent, d’autres avaient fondé une famille. Pourtant elle venait toujours, et un soir qu’ils étaient tous les deux sur une terrasse de l’hôtel du port à boire des bières en discutant de tout et de rien, il lui avait demandé :

— Pourquoi continue-tu à venir ?

— Qui sait Pour toi peut être ! lui dit elle avec un sourire espiègle.

Puis elle l’embrassa.

Pendant un an elle continua sa vie de parisienne, ils s’écrivaient se téléphonaient, se retrouvaient parfois pour un week-end.

Puis elle lui avait proposé de le rejoindre à Bran. Elle était arrivée avec une valise et quelques sacs. Il lui avait fait de la place et elle avait pris ses marques chez lui.
Le temps avait passé.

Les tempêtes d’hiver, où les vents du nord de l’atlantique ballaient L’île et ou la population locale sort peu. La vie avec un marin pécheur qui parfois part pour plusieurs jours, le tempérament parfois rude des îliens ou au contraire leur goût pour les potins et leur présence envahissante…

Tout cela Julie ne l’avait pas vraiment imaginé. Pour elle, Bran était une île ou l’on vient passer des étés de fête.

Elle avait eu du mal à s’y faire, et malgré toute la bonne volonté et les efforts qu’il avait déployés pour qu’elle s’acclimate Julie n’avait rien d’une îlienne.

Finalement c’est à lui qu’elle en avait voulu et pour sa part, Yann lui avait reproché de ne pas voir tout ce qu’il faisait pour elle.

Il ressassait ces sombres pensées en se dirigeant vers leur petite maison à mi-chemin du port et du bourg.

Mais rien ne l’avait préparé a ce qui l’attendait quand il passa la porte.

— Je t’attendais dit Julie.

Elle était assise à la table de la cuisine, dans une main une cigarette dans l’autre un mug de café. Devant elle un cendrier à moitié plein malgré l’heure matinale.
Sur une chaise un sac de voyage.

Elle était en larmes.

— J’ai fait un rêve dit elle… Enfin une sorte de rêve, c’était plutôt des flashs de notre histoire… Notre histoire... répéta-t-elle dans un soupir. Elle le regarda.
Il ne savait que faire, il aurait voulu s’approcher d’elle et la prendre dans ses bras, mais quelque chose le retenait. Elle lui jeta un regard noyé de larmes, renifla et lui dit :

— En rêvant j’ai pris conscience d’une chose.

— Quoi ?

— Tu ne m’as jamais aimé. Tu attendais quelque chose, tu attendais quelqu’un, et comme tu étais las d’attendre, quand tu m’as vue tu as cru qu’en essayant de m’aimer tu serais peut-être heureux.

Yann ne savait que dire, il était comme hypnotisé par les mots de sa compagne.
Elle planta son regard dans le sien et souffla une question à voix basse :

— Tu ne m’as jamais aimé ?

Et Yann bien qu’il eut voulu se taire ne put s’empêcher de répondre.

— Non.

— C’était étrange. Chacun des mots qu’elle avait prononcés sonnait juste, c’était comme si elle avait lu dans les recoins les plus cachés de son âme, comme si elle avait lu à voix haute les pensées qu’il n’aurait jamais osées exprimé.

Oui, elle était apparue au moment où il n’attendait plus rien, et oui il s’était que peut être s’il se forçait à croire qu’il l’aimait autant qu’elle l’aimait, ils pourraient être heureux. Mais il n’en était rien, l’amour ne peut pas être fait que de concessions.

— Je pars dit elle.

Elle prit son sac et sorti en laissant la porte de la maison ouverte.

Il la regarda s’éloigner sur le sentier.

Il s’assit et observa la pièce.

Sa maison était la même qu’avant l’arrivée de Julie.

Elle n’avait laissé aucune trace. Ni dans ces lieux, ni dans son cœur.

Il se servit un café, s’assit en se demandant pourquoi il n’avait pu s’empêcher de prononcer ce « non ».

Et malgré tout il ne regrettait rien.

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Kamaichi - préfecture d'Iwate
11 mars 2011 - 14h30
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"Ikimashô !" (on y va !)

Hime lève la truffe, agite la queue et aboie joyeusement.  Elle s'agite frénétiquement autour des jambes de l'Humaine qui essaye de lui attacher sa laisse.

Elle descend précautionneusement la marche de l’entrée à la suite de sa maîtresse. Une fois dehors, elle la dépasse et trottine fièrement devant elle. Il n'est pas question de se laisser guider.

Les rues se ressemblent. Des murs gris sale un peu partout. Parfois des pots de fleurs sont posés à même le sol. Depuis quelque jours la terre tremble. Les murs oscillent mais Hime n'est pas inquiète. Elle a l'habitude. Elle hume gaiement l'air printanier, cherchant à détecter l'odeur d'un congénère. Mais c'est trop propre. Comme si aucun chien n'était jamais passé par là.

Elles arrivent à l'entrée du parc. Hime préfère la rue. Le bitume est si doux sous les pattes. Et il y a toutes ces bonnes odeurs de viande qui parfument l'air en début d'après-midi. Dans le parc, cela sent l'herbe et les fleurs. Aucun intérêt. Et puis, les feuilles blanches, dont le sol humide est jonché, collent à ses coussinets. C'est énervant. Mais l'humaine semble adorer traverser le jardin.

Soudain, Hime s'arrête. Un parfum attire son attention, là sur un arbre. Elle tire sur sa laisse pour s'approcher. Elle hume. Un mâle est passé avant elle. Elle renifle avidement. Un shiba. Pas trop jeune mais encore vif. C'est étonnant qu'il ait réussi à marquer son passage sans que son maître nettoie derrière lui. Il doit être très futé.

L'Humaine tire sur la laisse, impatiemment. Hime abandonne l'arbre à regret, malgré elle, encore rêveuse.

Elles descendent les escaliers vers le parking du port. Encore quelques pas et les voici sur la jetée. L'humaine s'assied et contemple la baie. Hime sait que cela va durer des heures. Mais elle aime bien le port. Les odeurs changent encore. Ici il n'est plus question de fleurs, l'odeur de sel et de poisson est omniprésente. A la grande joie de Hime, de nombreux chiens ont marqué leur territoire, mais ici, personne n'a nettoyé.

La terre tremble à nouveau. Plus fort. Hime se dresse. Tout son corps est tendu. Une intuition terrible l'envahit. Elle sent un danger. Immédiat, terrible. Elle ignore pourquoi mais il faut partir au plus vite, quitter la ville, fuir vers les montagnes. Elle tire sur sa laisse, jappe nerveusement. En vain. L'humaine n'a apparemment aucune intention de bouger.

La terre se remet à trembler. Cette fois-ci la secousse est beaucoup plus violente. L'humaine se lève. Hime sent son inquiétude. Les sirènes retentissent. Elles se mettent à courir, vers la ville, le plus vite possible. Enfin. Mais trop tard.

Et soudain, la vague.

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L'onde nouvelle par épisodeQuand elle sortit de la douche Élise se sentait mieux. Certes, elle avait fait un rêve qui l’avait renvoyé dans les bras de Yann 20 ans plus tôt, mais ce n’était qu’un rêve.

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